France, 1907 : Foi irraisonnée et aveugle ; la foi comme l’entend l’Église catholique, sans examen et sans raisonnement, la foi des ignorants, enfin.
Le diable, dit la légende, apparut un jour à un charbonnier.
— Que crois-tu ? lui demanda-t-il. — Je crois tout ce que croit la sainte Église. – Et que croit la sainte Église ? — Elle croit tout ce que je crois. — Mais quoi ? — Tout ce qu’elle m’enseigne de croire. — Mais, cria le diable, tout ce qu’elle te dit de croire est sottise. — Cela m’est bien égal, répliqua le charbonnier. Ce n’est pas mon affaire. M. le curé m’a dit de croire, je crois. Je ne suis qu’un charbonnier, et j’ai la foi d’un charbonnier. — C’est la foi d’un imbécile ! conclut le diable en s’en allant.
C’était une âme simple, enfantine bien qu’elle eût les cheveux tout blancs, qui ignorait toute rouerie, tout mensonge, une âme d’infinie bonté qui se fût apitoyée sur l’agonie d’une mouche, qui aurait partagé avec les miséreux sa garde-robe et son pain, qui avait la foi aveugle et béate du charbonnier.
(Champaubert)